Un prêtre et son chauffeur déclarés mort au Soudan du Sud
Le père Luc Yugue Mbokusa et son chauffeur, M. Michael Gbeko ont été officiellement déclarés morts par le diocèse sud-soudanais de Tombura Yambio. Ils étaient portés disparus depuis le 27 avril 2024, alors qu’ils étaient en route entre la région de Nagero et celle de Tombura.
C’est dans une déclaration audio consultée par Vatican News que l’évêque du diocèse de Tombura Yambio Mgr Eduardo Hiiboro Kussala a annoncé des prières funéraires pour le père Luc Yugue et son chauffeur, Michael Gbeko, après des semaines de recherches et d’espoir pour retrouver les deux hommes, disparus le samedi 27 avril dernier. "C'est avec une profonde tristesse et le cœur lourd que nous vous informons des prières funéraires officielles", a déclaré l’évêque. "Les prières funéraires débuteront du jeudi 23 au 25 mai 2024 et se termineront par une messe funéraire samedi (25 mai 2024) à la paroisse catholique Sainte-Marie Mère de Dieu". Toutes les paroisses du diocèse sont d’ores et déjà invitées à respecter ces jours de deuil, où l’espoir de les retrouver restera encore présent bien que de plus en plus maigre.
Un appel au calme
Si les circonstances de leur mort ne sont pas clairement connues, les deux hommes ont néanmoins disparus dans une région contrôlée par le MPLS (Mouvement populaire de libération du Soudan, groupe rebelle qui entretient la guerre civile), ce qui fait dire à beaucoup de personnes que leur enlèvement pourrait être basé sur des motifs ethniques ou politiques. Mgr Kussala a d’ailleurs justement demandé au président de renforcer la sécurité dans cette région, et il a exprimé le 19 mai sa gratitude au gouvernement qui a envoyé le général de division James Akech pour aider à ramener la paix à Tombura.
Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui appellent à la vengeance, mais Mgr Kussala a voulu clarifier les choses et demander le calme à ses fidèles :
"En raison de la manière brutale que nous pouvons imaginer avec laquelle le Père Yugue et son chauffeur Gbeko sont morts, beaucoup d’entre nous appellent à la vengeance. Quelle est la position de l’Église dans tout cela ? L'Église trouve sa réponse dans les Écritures : dans Jean 18: 10-11, nous lisons la réaction de Jésus lorsque Pierre a pris son épée et a frappé l'une des personnes venues arrêter Jésus. Pierre pensait qu'il était juste qu'il défende son maître… En tant qu'humains, dans des situations comme celle-ci, beaucoup d'entre nous pensent qu'un sentiment de justice peut être obtenu en faisant justice de nos actes. En effet, le chagrin, la colère, la perte ou le mépris que nous éprouvons envers l’agresseur nous font croire que la vengeance devrait être la meilleure voie à suivre. Mais l'Église dit NON à cela".
Jean-Benoît Harel
